Les élections françaises montrent la nécessité d’une nouvelle révolution

Les élections françaises montrent la nécessité d’une nouvelle révolution | Zocalo Public Square • Arizona State University • Smithsonian

Lorie Shaull/Flickr CC BY 2.0

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Les élections françaises ce mois-ci seraient-elles les prémices d’une nouvelle révolution française?

Le problème avec ces sombres élections sont nombreux – un taux de participation bas, des débats publics moribonds, la popularité des hommes et femmes politiques qui candidatent en tant que populistes poutinistes, et un président en exercice peu inspirant, Emmanuel Macron. Mais au cœur de la récession démocratique de la France subsiste un vide où devrait se trouver la démocratie locale.

Ce vide provient du système de gouvernement français ultra centralisé.

La démocratie est, dans son essence, locale – des personnes de tous les jours qui s’autogouvernent. Cependant, le puissant gouvernement national français prend la plupart des décisions. Les 36 000 municipalités de France sont démunies du pouvoir et de l’indépendance nécessaires pour la mise en œuvre de leurs outils démocratiques.

Le président et le gouvernement national contrôlent l’imposition et les dépenses publiques (80% des dépenses publiques en France sont décidées à l’échelon national, par rapport à 50% pour l’Allemagne et les États-Unis), de même pour les domaines de politique majeurs.

Le résultat est un manque d’investissement et de développement qui contribuent à réduire la mobilité sociale et creusent les écarts entre le milieu rural et le milieu urbain.

Afin d’empêcher les opposant.e.s à la démocratie d’exploiter ces divisions et de combler eux-mêmes cette lacune locale, la France doit donner plus de pouvoir aux collectivités locales pour leur permettre de prendre leur propre décision et de choisir leur propre voie.

Une transition vers un contrôle local en France – le pays de Montesquieu et Tocqueville – aurait une résonance mondiale. Cela pourrait ainsi entraîner une démocratisation essentielle du Nord et de l’Ouest de l’Afrique, où les anciennes colonies françaises rencontrent des difficultés à se développer au niveau local.

Toutefois, un tel changement est peu probable. La centralisation de la France est une caractéristique fondamentale qui date de l’origine de la révolution française, et de l’insistance jacobine sur « la république une et indivisible ». A l’époque, un Etat centralisé semblait nécessaire dans une nation, dont la moitié de la population ne parle pas français. Aujourd’hui, les craintes se résument au risque de séparatisme des régions si elles se voyaient octroyer plus d’autonomie.

Macron, bien qu’il ait remporté les élections avec une campagne de porte-à-porte, a renforcé la centralisation. Il a micro-géré la nation, réduit l’autorité des maires et fait peser de nouvelles exigences sur les collectivités tout en réduisant leur budget.

« Je ne m’excuserai pas de la verticalité du pouvoir » a dit Macron à un magazine littéraire.

Bien évidemment, aucun des opposant.e.s de Macron – y compris la Maire de Paris, Anne Hidalgo – n’a fait du manque de pouvoir local du pays un enjeu majeur de leur campagne. Cela a frustré certaines des villes les plus ambitieuses et progressistes de France qui sont réduites à des « expérimentations » de démocratie locale.

A Grenoble, une ville cosmopolite et universitaire dans les Alpes, les élu.e.s ont tenté d’accroître autant que possible la participation démocratique locale et de mettre en place des mesures environnementales. Cependant, le gouvernement a usé de son autorité et de coupes budgétaires pour limiter ces efforts.

« Ce pouvoir ‘macronesque’ est étouffant », a dit Eric Piolle, Maire de Grenoble à un reporter. « Il y a une forme de jacobinisme, alors que dans les faits, la société moderne devrait être basée sur l’égalité, sur un réseau d’acteur.e.s qui travaillent ensemble, capable de se réunir en coalitions sur des sujets spécifiques à un moment t, puis créer de nouvelles coalitions sur d’autres sujets ».

Un mouvement social en France pour la décentralisation serait novateur, mais il aurait des alliés naturels : les centaines de citoyen.ne.s français.e.s qui exercent une fonction au sein des collectivités locales sans réelle prérogative. De plus, il existe d’importants modèles modernes de démocraties décentralisées d’une autorité hautement centrale dans des pays comme l’Ukraine et l’Indonésie.

Ouvrir les portes à cette forme de démocratie locale nécessiterait une révision de la Constitution française. Environ une douzaine de maires français.e.s ont uni leurs forces pour faire avancer un tel projet, en soutenant notamment la campagne de courte durée de la chercheuse et académicienne en démocratie Clara Egger.

Elle m’a partagé récemment que la coalition poursuit deux réformes constitutionnelles qui introduiraient une démocratie directe de style suisse et simplifieraient le processus de révision de la constitution en vue de laisser de la place pour davantage d’autonomie locale.

De tels changements ont été considérés comme des projets politiques très poussés. Cependant ces élections montrent la démocratie française au bord du précipice. Pour prévenir cette chute, la meilleure stratégie est de renforcer l’autonomie locale.

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Écouter la démocratie

J’ai reçu de bons échos sur une minisérie de podcasts, « Radicaal Lokaal », soutenus par les ONG Meer Democratie et Agora Europa. Les six épisodes explorent l’hypothèse où toutes les décisions démocratiques – sur tous les sujets, des éoliennes aux monnaies numériques – étaient prises au niveau local, plutôt que national. Ils sont disponibles ici en néerlandais – J’espère bientôt en version anglaise.

Lire la démocratie

« Vivre dans un pays démocratique pourrait ajouter 11 années à votre espérance de vie » – dans « La politique et la santé de la population : Tester l’impact d’une démocratie électorale », par les sociologues de l’université de Colombie-Britannique (Canada) Andrew C. Patterson et Gerry Veenstra. Ils ont trouvé que même en prenant en compte la richesse, vivre en démocratie est le plus sain.

Parler démocratie

« La démocratie est comme se moucher. Vous ne le faites pas forcément bien, mais c’est quelque chose que vous devait faire par vous-mêmes. » – G. K. Chersterton

This article has been translated from English. Read the original piece here

Joe Mathews est en éditeur chez Zócalo Public Square et co-président du Forum Mondial sur la démocratie directe moderne. Il est l’auteur de la rubrique démocratie locale.
PRIMARY EDITOR: Eryn Brown | SECONDARY EDITOR: Sarah Rothbard

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